Justice : dans les coulisses d’une audience des tutelles en Dordogne
Première affaire. Une dame…
Première affaire. Une dame de 88 ans dont la sœur a demandé qu’elle soit protégée. « Elle souhaite une curatelle simple, annonce Hélène Virecoulon. Vous continuez à gérer votre budget et vos papiers toute seule. » « Ça, je veux », confirme l’octogénaire. « Mais pour les décisions importantes, il faut l’accord de quelqu’un de votre famille. Vous voulez que ce soit qui ? » La vieille dame n’hésite pas : « Ma sœur. » « Mais vous sentez que vous en avez besoin ? », interroge la juge. « Ah non ! », s’offusque la justiciable.
Alors, la juge tente la persuasion : « Votre famille pense qu’il y a chez vous des éléments de vulnérabilité. La curatelle vous protège contre les abus. Si des démarcheurs vous forcent à signer un contrat, ce sera annulable. » La dame aux cheveux blancs réfléchit : « C’est pas mal. Ça me rassure. Enfin… c’est pas possible d’en arriver là ! »
« On adaptera la mesure »
Une fois terminé ce face-à-face avec la personne qui bénéficie des mesures, les autres membres de la famille entrent. La sœur de la dame réexplique qu’elle veut « la protéger pour qu’elle reste chez elle ». Mais la fille de la femme de 88 ans n’est pas contente : « Je n’ai pas eu mon mot à dire, peste-t-elle. Je préférerais qu’on confie la tutelle à une personne extérieure. Elle ne doit pas être chapeautée. »
Le fils adoptif s’oppose : « J’habite à côté, il n’y a pas nécessité d’avoir recours à une tierce personne. » Le fils naturel confirme : « Ma mère est libre de choisir qui elle veut. »